lundi 4 janvier 2021

Dominique Wolton : Les vaccinations en public, une stratégie efficace contre les fausses informations ?

Alors que plusieurs pays ont déjà entamé des campagnes de vaccination contre le coronavirus, de fausses informations circulent sur les réseaux sociaux. Aux États-Unis ou en Israël, face au scepticisme, plusieurs personnalités politiques ont décidé de se faire vacciner publiquement contre le Covid-19 afin d'encourager leurs concitoyens à faire de même. Une stratégie médiatique... qui n'empêche pas les théories de circuler.

Une semaine après le président élu Joe Biden, la future vice-présidente des États-Unis Kamala Harris a reçu le vaccin contre le Covid-19 devant les caméras, mardi 29 décembre.





En Israël, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a lancé samedi 19 décembre le coup d'envoi de la campagne de vaccination en se faisant administrer le vaccin Pfizer-BioNTech en direct sur toutes les chaînes de télévision, à l’ouverture des journaux télévisés du soir.

Mais cette stratégie, dont l'objectif est de rassurer face aux inquiétudes sur le vaccin, peut également accentuer la méfiance. Sur les réseaux sociaux, les vaccinations en public sont scrutées de près et les maladresses de mises en scène rapidement repérées par ceux qui voudraient y voir une manipulation.

Dans cette chronique, la rédaction des Observateurs de France 24 décrypte les rumeurs qui circulent au sujet de "fausses aiguilles" qui serviraient à vacciner les personnalités politiques.

Une communication contre-productive ?

Pour Dominique Wolton, Fondateur de l'Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC) et directeur de la Revue internationale Hermès, se faire vacciner en public peut carrément être "contre-productif". C'est ce qu'il explique sur RFI : "Se faire vacciner en public, ce n’est pas une preuve de civisme. Les citoyens, comme vous et moi, ce n’est pas ce qui les fait changer d’avis. Ce qui les fait changer d’avis, ce sont les conditions d’enquête sur la santé publique, d’être capable de rassurer les populations."

Il explique encore que cela peut alimenter le complotisme, qui "détourne tout". "C’est plus intéressant que le monde sache quelles ont été les différentes tractations entre les différents laboratoires, le rôle des pouvoirs publics, l’arbitrage vis-à-vis de la santé publique, plutôt que de voir un chef d’État se faire vacciner devant les caméras. La question de la confiance aujourd’hui n’est pas seulement réduite à la question de voir", poursuit-il.

La France "championne du monde" des pays réfractaires

En France, plusieurs membres du gouvernement ont assuré qu'ils se feraient bien vacciner, mais après les publics prioritaires.

Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est exprimé mardi 29 décembre sur France 2 à ce sujet affirmant être impatient de se faire vacciner mais vouloir laisser la place d'abord "à celles et ceux qui doivent en bénéficier en priorité". "Si je me faisais vacciner devant les caméras, les plus réfractaires d'entre nous diraient que ce n'est pas le vaccin qu'on m'a inoculé. D'autres diraient que j'ai pris la place d'une personne fragile", a-t-il indiqué.

Mais la confiance reste très basse : une étude BVA publiée dans le Journal du Dimanche montre que seuls 44 % des Français ont l’intention de se faire vacciner, contre deux tiers des Allemands ou encore 70 % des Italiens. C'est l’une des proportions les plus basses parmi 32 pays étudiés. Un sondage Ipsos Global Advisor publié mardi 29 décembre donne même à la France la place de "championne du monde" des pays réfractaires, devant la Russie et l’Afrique du Sud.

Contrairement au gouvernement, certains élus locaux estiment donc qu'ils doivent se faire vacciner. Près de 200 maires français ont signé un manifeste pour se faire vacciner et ainsi "donner l'exemple" en coupant court à certaines idées, comme celle que les "aînés" seraient des cobayes.


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