jeudi 7 janvier 2021

Gratte-ciel et voitures volantes, retour vers la ville du futur


Déjà au XIXe siècle, les métropoles du futur s'agitent, se déploient, s'activent sous terre et dans les airs. Dans ces villes fantasmées, il est possible de rouler, de voler, de glisser, ou de se reposer dans des jardins suspendus. Entre rêve et réalité, embarquement pour la ville du futur !


Architectones, Kasimir Malevitch, 1923-1929.


En 1882, c’est au rez-de-chaussée que les lecteurs découvrent le monde du XXe siècle. Le rez-de-chaussée, c’est-à-dire en bas de la page d’un journal, sous forme de feuilleton. Le Vingtième siècle est signé Albert Robida et cette vision futuriste paraît l’année suivante sous forme d’ouvrage, avec des textes et des dessins de Robida : « Le mois de septembre 1952 touchait à sa fin. L’été avait été magnifique ; le soleil, calmant ses ardeurs de messidor, dégageait maintenant ces tièdes et caressantes effluves des belles journées d’automne aux splendeurs dorées ». Il y est question « d’aéronef omnibus », de « train tube ». C’est toujours un plaisir de visiter la manière dont nos ancêtres imaginaient leur propre avenir, qui est notre présent. Xavier Mauduit

Les transformations techniques et sociales, le progrès des communications à la fin du XIXe siècle inspirent une nouvelle génération d’architectes, désireux de penser et de concevoir la ville du futur. Ces métropoles sont toujours le reflet des craintes, des rêves et des besoins des contemporains qui les imaginent. Tour à tour futuristes, fonctionnelles ou bucoliques, ces villes de demain sont au carrefour des innovations artistiques, architecturales et scientifiques de leur temps. Entre voitures volantes et immeubles de verre, elles se présentent tantôt comme un pur produit de l’imagination tantôt comme un projet de réforme des métropoles existantes.

Penser la ville du futur, c’est également imaginer la vie de demain. Les habitations occupent une place centrale dans ces anticipations. Les cuisines intelligentes, les maisons surélevées et les pièces largement ouvertes sur l’extérieur s’imposent bientôt dans les projets des architectes. 

Yona Friedman imagine par exemple des villes spatiales, composées de modules d’habitation modifiables et transportables à l’infini, qui permettraient à leurs habitants de redevenir les maîtres et possesseurs de leur espace. Alors, vivons-nous aujourd’hui dans les villes imaginées pour nous par les hommes du passé et surtout que nous disent ces anticipations sur ceux qui les formulent ?

Avec Jean-Louis Cohen, architecte et historien de l’architecture et de l’urbanisme. Professeur invité au Collège de France depuis 2014 et professeur d'histoire de l'architecture à l'Institute of Fine Arts de la New York University, il a conçu et réalisé plusieurs expositions, parmi lesquelles Scènes de la vie future et Architecture en uniforme, au Centre Canadien d'Architecture de Montréal (1995 et 2011) et  Le Corbusier, An Atlas of Modern Landscapes (2014) à Barcelone et Madrid. Il est par ailleurs l’auteur de nombreux ouvrages, notamment L'Architecture au futur depuis 1889 aux éditions Phaidon (2012) et Construire un nouveau Nouveau Monde, L’amerikanizm dans l’architecture russe (Éditions de la Villette, 2020).

Avec nous aussi, Caroline Cros, conservatrice du patrimoine, spécialisée en art du XXe et du XXIe siècle. Elle enseigne l’histoire de l’art contemporain à l’École du Louvre.  Elle est l’auteure d’une thèse intitulée César, un primitif moderne, nouveaux éclairages sur les années 1960-1975. Elle est commissaire de l’exposition Yona Friedman / Architecture mobile = Architecture vivante à la Cité de l'Architecture en 2016 et co-réalisatrice avec Antoine de Roux du documentaire Animal normal : Conversations avec Yona Friedman 2007-2014 (2014).

1889,c'est la grande exposition qui célèbre à Paris le centenaire de la Révolution française avec la tour Eiffel, la galerie des machines, la féerie de l'électricité... Une exposition qui donne donc l'image de la grande ville transformée par les technologies nouvelles : l'acier, l'électricité, la chimie moderne. C'est cette ville que les architectes perçoivent comme devant irrévocablement se transformer pour entrer dans cet âge industriel. Jean-Louis Cohen

Peu avant le confinement, Yona Friedman a imaginé un nouveau concept, le Meuble Plus, un espace pas très grand dans lequel vous occupez une fonction dédiée. Un espace de vie qui correspond à une maquette de la taille d'une boite à chaussure rectangulaire. Il imaginait que dans le futur, les habitants auraient ce type d'espace, relié à une infrastructure "cloud", "en nuage", qui les connecterai à l'extérieur pour l'électricité, la communication et que la ville peu à peu deviendrait beaucoup plus dispersée, Elle tendrait vers une grande globalité et c'est un peu ce qu'on vit avec la pandémie. Caroline Cros



Source : France-Culture - LE COURS DE L'HISTOIRE par Xavier Mauduit

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire