lundi 15 février 2021

Nicolas Bouzou : «Notre désir de liberté n’est pas éteint, mais aiguisé, ces temps-


TRIBUNE - Certains de mes amis libéraux font fausse route en craignant que les atteintes actuelles aux libertés, justifiées par la pandémie, ne nous habituent à la servitude, plaide l’économiste et essayiste, Nicolas Bouzou.


Par Nicolas Bouzou


Nicolas Bouzou est le fondateur du cabinet de conseil Asterès.

La crise actuelle divise la famille libérale. Mais le clivage n’est pas entre les libéraux par principe qui placent la liberté au-dessus de tout et les utilitaristes qui placeraient l’efficacité au-dessus des principes et justifieraient pour cette raison confinements et couvre-feu. Le débat porte sur les outils de la liberté: comment sortir d’un enfermement qui nous est à tous difficile à vivre?

Il me semble que certains de mes amis libéraux ont un point commun avec les intellectuels de gauche: ils pensent élégamment mais faux. Tout à essayer de fourrer les faits dans leur corpus idéologique, ils en viennent à pointer du doigt des dangers quasi inexistants à court terme en oubliant les graves menaces que la crise actuelle fait peser sur nos sociétés. On ne compte plus les opuscules sur le risque que feraient courir les mesures de restriction sur l’État de droit ou notre capacité à demeurer des adultes.

Au fondement de ces analyses, une crainte: que les Français s’habituent aux contraintes et aux contrôles actuels, qu’ils apprennent à les aimer et que la servitude volontaire ne transforme nos pays en dictatures. En conséquence de ce diagnostic, une solution: relâcher les contraintes sanitaires, libérer l’économie, et tant pis pour les personnes les plus exposées au Covid-19: qu’elles restent chez elles, leur isolement vaut bien notre liberté et notre prospérité. Cette pensée peut faire un peu de buzz médiatique à court terme. Elle est pourtant moralement contestable et intellectuellement fallacieuse.

Toutes les périodes de restriction sont suivies d’une explosion des libertés dès que les interdictions sont levées. Les gens sortent, font la fête et l’amour

La société française serait-elle gagnée par la joie de l’enfermement? C’est exactement le contraire. En France, les sondages montrent que l’adhésion à d’éventuels reconfinements diminue avec le temps. Même en Israël, pays champion du monde de la vaccination et qui propose donc une sortie de crise, le récent confinement a été contesté. La forte augmentation des troubles psychologiques dans les pays développés, dont la France, semble en outre contredire l’idée d’une accoutumance aux restrictions. Les Français n’en peuvent simplement plus!

L’étude des guerres et des épidémies montre l’inverse de ce qu’attendent ces libéraux hostiles aux mesures de contrôle décidées par les pouvoirs publics. Toutes les périodes de restriction sont suivies d’une explosion des libertés dès que les interdictions sont levées. Les gens sortent, font la fête et l’amour, et ils manifestent comme nous aurons l’occasion de nous en apercevoir dès que ce gouvernement ou un autre remettra sur la table une réforme, même minuscule. Un libéral devrait comprendre qu’on ne désapprend pas la liberté, pas plus qu’on ne désapprend à boire de l’eau quand on est dans le désert sans sa gourde. On l’attend d’autant plus qu’on en est privé.

Ce ne sont pas les gouvernements qui sont méchants, mais le virus. C’est le virus qui nous prive de nos libertés, raison pour laquelle nous devons le mettre à distance ....


Pour lire l'article en entier

 https://www.lefigaro.fr/vox/societe/notre-desir-de-liberte-n-est-pas-eteint-mais-aiguise-ces-temps-ci-20210212


Source : Le Figaro

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire