mercredi 10 mars 2021

Julia de Funès: «Quand le tribunal de la bien-pensance remplace la justice»

Docteur en philosophie et diplômée d’un DESS en ressources humaines, Julia de Funès a publié  «Développement (im)personnel, le succès d’une imposture» (Éditions de l’Observatoire, 2019).


Pour les assermentés de la bien-pensance, qui désapprouvent la chasse réelle mais raffolent de la proie symbolique, les trophées se multiplient comme des petits pains. Les grandes légendes tombent une à une. Tantôt les écrivains, tantôt les philosophes, les compositeurs, les réalisateurs, les peintres, les poètes, les chanteurs, les ministres, les présidents de la république, tout le monde y passe, surtout les hommes d’exception.

Au maintien en vie de ce qui est beau, on préfère la mise à mort par ce qui est moche. Le plaisir n’est plus à l’admiration, à l’inspiration, mais au jeu de massacre. On se réjouit de débusquer, de souiller, de lyncher.

L’expédition punitive s’effectue en trois temps. Le premier est celui du repérage de la proie. Celle-ci se débusque le plus souvent au sein d’une élite. Terrain de chasse privilégié pour les prédateurs égalitaristes immédiatement alléchés par celui ou celle qui se différencie par une quelconque supériorité. Les privilèges de naissance étant abolis depuis longtemps, c’est à ceux du mérite qu’il est désormais bon de s’attaquer.

Notre époque fait de ses valeurs des principes rétroactifs. Les faits n’ont plus de contexte, l’histoire n’est plus qu’une contingence.

Rien, pas même le labeur personnel ne justifie une quelconque différence d’appréciation pour les petits qui se sentent grandis de dégrader les grands. Une fois repéré, le gibier se trouve pris dans les mailles étroites de nos nouvelles valeurs. «On devient moral dès qu’on est malheureux» disait Proust.

Notre période est si malheureuse qu’elle ne se contente pas de moraliser le présent. Elle fait de ses valeurs des principes rétroactifs au point que les mœurs n’ont plus de dates, les faits n’ont plus de contexte, l’histoire n’est plus qu’une contingence. Après la prise en élite et l’essorage moral, vient le troisième temps, celui de la justice. On pourrait espérer que le tribunal de la bien-pensance se fasse supplanter par le professionnalisme et la rigueur d’un tribunal de droit. Mais cette semaine, nous avons vu une toute autre réalité de la justice.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/julia-de-funes-quand-le-tribunal-de-la-bien-pensance-remplace-la-justice-20210310


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