Les technologies ne nous font plus rêver.
Pan par pan, la mythologie du progrès s'effondre sous nos yeux. Le monde numérique se révèle chaque jour plus matériel, injuste et polluant. Internet lui-même ressemble à une vaste benne où nous venons déposer nos espoirs déçus. Les injonctions à reprendre le pouvoir tombent à l'eau : c'est que nous avons perdu la main. Et si les politiques des technologies n'avaient pas pour but de nous émanciper, mais au contraire de nous empêcher d'exercer notre pouvoir d'agir ? Et si les libertés dont elles font mine de nous gratifier n'étaient qu'un trompe-l'oeil pour mieux nier ce qui fait de nous des animaux politiques, nier notre capacité à critiquer, à contester, à nous rebeller ? Diana Filippova propose de déplacer notre regard et d'aborder les techniques comme un vivier de technologies de pouvoir — le technopouvoir.
Son mobile : gouverner des êtres qui placent les droits et libertés individuels au-dessus de tout. Sa visée : servir les intérêts de certains aux dépens de nous tous. C'est ainsi qu'une nouvelle frontière électronique nous sépare les uns des autres, nous poussant à devenir des sujets parfaitement prévisibles, flexibles et gouvernables. C'est ainsi que le pouvoir échappe chaque jour davantage au royaume du politique.
Ce livre est d'utilité publique : en disséquant la genèse et les stratégies du technopouvoir, il entreprend d'ouvrir des boîtes noires — par effraction, s'il le faut. Alors, face à un art de la guerre en temps de paix, nous pourrons regagner une prise sur la marche de nos sociétés. Alors, nous pourrons retrouver l'essence de nos démocraties, et peut-être réapprendre à faire de la politique.
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