jeudi 17 décembre 2020

La culture, entre déconfiture et réinvention avec Jacques Attali et Anne Jonchery


Les modalités du déconfinement prennent effet dès aujourd’hui. Mais les salles de spectacle et de cinéma, dont la réouverture était pourtant envisagée, restent fermées.

Quelle est la place de la culture dans notre société ? Comment le confinement a-t-il affecté les pratiques culturelles ? Peut-on espérer un retour au monde d’avant pour le secteur de la culture ?


Nous serons en compagnie de : 

Jacques Attali, économiste, écrivain et auteur de “L’économie de la vie” (Fayard)

Anne Jonchery, chargée d’études au Département des études, de la prospective et des statistiques au ministère de la Culture. Titulaire d’un doctorat en muséologie, elle travaille sur les questions de médiation culturelle, de socialisation à la culture et notamment de socialisation aux patrimoines.

Critère de distinction entre produit essentiel et non essentiel

"Qu'est-ce qui n'est pas essentiel ? C'est ce qui permet de n'est pas nécessaire pour vivre. Il y a des choses qui ne sont pas nécessaires pour vivre, mais on ne peut pas ranger la culture dans les biens qui ne sont pas nécessaires pour vivre. Ou alors, on fait l'apologie de l'analphabétisme, de la barbarie. C'est absurde." Jacques Attali

Par définition, la culture, c'est essentiellement être ensemble. C'est le bien essentiel premier de nos cultures. C'est pour ça que je préfère parler d'économie de la vie. Les secteurs de l'économie de la vie sont la santé, l'éducation, la culture, la recherche, l'énergie propre ou le logement durable... Jacques Attali

C'est aussi paradoxal qu'au moment où on parle de l'importance de la laïcité, on fasse le choix de privilégier les fêtes d'une religion sur les fêtes laïques et qu'on préfère ouvrir les lieux de culte plutôt que les lieux culturels. Jacques Attali

"Ce qui pose problème, c'est être ensemble. C'est ça qui pose problème aux virus et on peut le comprendre. Mais alors, il faut interdire "l'être ensemble" provisoirement, d'une façon équitable. Il ne faut pas permettre l'être ensemble, commercial ou religieux et interdire tout "être ensemble" culturel. Ça n'a pas de sens. Il faut que ça soit équitablement limité." Jacques Attali


Une femme à vélo, devant un cinéma fermé pendant le confinement Crédits :  PASCAL GUYOT - AFP

Le silence sur la question de l'éducation

"Les champs de culture sont des acteurs de l'éducation. Je trouve qu'il y a un silence trompeur de l'enseignement supérieur et de la recherche aujourd'hui, pas mobilisé par son ministère non plus. Ils pourraient réclamer davantage de droits aux enseignements." Jacques Attali

Il y aura une grande revanche ultérieure quand tout cela sera, je l'espère, bientôt calmé, parce qu'il y aura une grande colère du monde universitaire et de ceux qui n'auront pas pu s'exprimer. Je pense en particulier aux étudiants à qui on aura privé d'un bien véritablement essentiel qu'est l'éducation. Jacques Attali

Une réduction des écarts entre les groupes sociaux dans les pratiques culturels

La suppression de la culture de sortie, la difficulté d'accéder à certains produits culturels a eu des conséquences. La culture d'écran pour le coup, n'était pas confinée, pas entravée par la crise sanitaire. Parmi les résultats les plus saillants de l'étude, on a pu constater une réduction des écarts entre les groupes sociaux à l'échelle des pratiques en amateur et des consommations culturelles. Anne Jonchery


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