samedi 24 octobre 2020

Améliorer le travail pour réenchanter la société


TRIBUNE - Cinquante dirigeants européens, dans le cadre du NextGen Enterprise Summit qui se tiendra les 26 et 27 novembre à Paris, invitent à repenser le rôle de l'entreprise dans la société.

Par Tribune collective - Le Figaro


Les entreprises les plus performantes sont résilientes à la complexité croissante du monde. Adobe Stock


En Europe et en France en particulier, le sentiment de déclin est tenace et la pandémie en cours ne fait rien pour l'atténuer. L'entreprise a un rôle clef à jouer pour contribuer à la prospérité de nos pays mais aussi pour maintenir et renforcer la cohésion sociale.

Soucieux de préparer le futur du travail et donc celui de la société, nous tenons à partager nos idées lors d'une consultation citoyenne sur la plateforme Cap Collectif pour faciliter l'engagement des forces vives et avoir un impact social positif fort.

«Ubériser» dans un même mouvement le management traditionnel, la relation avec les actionnaires et le dialogue social semble être une tendance de fond si nous voulons que l'entreprise conserve son rôle d'acteur majeur. Avec quelle conséquence sur chacun d'entre nous ? Simplement de tenter de réconcilier trois de nos personas : le citoyen, le collaborateur et le consommateur. En effet, pourquoi serions-nous durablement schizophrènes dans nos choix de consommation, de mode de vie et de travail ?

Une performance économique indispensable à tous

Soyons clairs, non seulement la rentabilité n'est pas un gros mot mais elle est indispensable à la pérennité de toute entreprise et au passage à l'échelle des nouveaux acteurs économiques. Le futur proche du travail ne semble pas tendre à la fin de l'économie de marché, pas plus qu'à celle de la hiérarchie ou de toute forme de management. Mais l'inclusion de toutes les parties prenantes à des degrés divers paraît être un facteur d'amélioration qui prendra de plus en plus d'importance.

Les entreprises les plus performantes sont résilientes à la complexité croissante du monde et à l'accélération sans précédent de l'innovation. De nombreuses entreprises nouvelle génération ont déjà basculé dans des gouvernances d'équipes agiles. Ces organisations cellulaires ont substitué à la hiérarchie de subordination de personne, celle d'équipes aux raisons d'être convergentes à la réalisation d'une mission collective.

Des équipes à taille humaine, responsabilisées sur leurs résultats et objectifs clés rythment leurs travaux par des itérations fréquentes, des réunions de triage aussi courtes qu'efficaces et un respect des rôles qui les composent. Inutile de préciser que les fiches de poste et les entretiens annuels ont rejoint le musée du management, comme les notions de maîtrise d'œuvre et maîtrise d'ouvrage, ou encore les managers de managers. Ici tout le monde est un faiseur amené, si possible, à développer son autonomie, sa responsabilité et son leadership.

Vers un impact social et environnemental positif

Oui, nous pouvons espérer mieux au XXIe siècle qu'un résultat net, fût-il bon, comme objectif ultime de l'entreprise ! Dans le même temps, la faiblesse du politique nous engage à ne plus attendre après lui pour régler les fractures béantes et anciennes de la société.

L'entreprise comme outil d'impact social et environnemental nous amène à nous engager dans une direction claire et à nous réconcilier avec nous-mêmes dans nos rôles de citoyen, de collaborateur et de consommateur. Ce qui rend cela possible aujourd'hui, c'est la disponibilité de l'information par internet. Celle-là même qui sape à la base la hiérarchie de pouvoir de subordination basée sur la détention de cette même information.

Désormais, tout finit par se savoir et le temps de propagation de l'information tend irrémédiablement vers zéro. Nous avons progressivement accès aux compositions et procédés de fabrication de tout de ce que nous achetons, aux informations détaillées sur les représentants pour qui nous votons et les valeurs des organisations dans lesquelles nous évoluons. Le mensonge, même par omission, n'est plus une option praticable, en tout cas plus très longtemps. La transparence est un voyage univoque.

Un engagement sincère des forces vives et de l'écosystème

Outre la performance du modèle agile et des gouvernances partagées, l'avantage concurrentiel des organisations se basera de plus en plus sur la qualité des profils recrutés et fidélisés. Le projet de l'organisation me permettra-t-il de me réaliser ? D'aligner mes convictions personnelles et professionnelles, mes valeurs avec celles du collectif intégré ?

Tout comme les marchés sont devenus des conversations, les cultures d'entreprise vont devenir des différenciants puissants, et ce bien au-delà du radical - parfois minimaliste - des salariés ou des membres de l'organisation.

L'entreprise nouvelle génération est un écosystème, parfois très étendu et sans proportion particulière avec la taille de ses effectifs. Sa raison d'être et ses valeurs mobilisent l'écosystème et irradient au-delà, en faisant notamment un élément important d'attraction pour de potentiels nouveaux collaborateurs.

Il est temps de réenchanter notre société

Les mouvements que nous venons de décrire, comme ceux des collectifs sociaux qui émergent spontanément sans précédent historique et avec des structures très frugales, remettent en cause les clivages historiques. Nous avons tous en tête les affrontements direction - syndicats mais aussi résultat financier et vision long terme.

Une autre conception du travail est possible qui n'oppose pas les actionnaires ou les entrepreneurs aux salariés, qui valorise le projet moyen ou long terme de l'entreprise au-delà du trimestre et l'évalue significativement sur des critères extra-financiers. Une vision du travail où la confiance est donnée a priori, comme un attribut de la responsabilité confiée au nom de l'équipe tout entière.


Les signataires : Alain Roumilhac (président de Manpower France), Susanne Aebischer (cofondatrice de TRNSTN), Marine Auger (cofondatrice de Rosa Parks Garden), Pascal Demurger (PDG du groupe MAIF), Matthieu Beucher (PDG de Klaxoon), Luc Bretones (président fondateur de Purpose for Good), Ludovic Cinquin (PDG et cofondateur d'OCTO Technology), Cyril Lage (président fondateur de Cap Collectif), Jean-Christophe Conticello (PDG fondateur de Wemanity), Éric Delannoy, (président fondateur de Tenzing Conseil), Alexandre Gérard (coanimateur de Groupe Inov-On), Florence Hunot Cortès et Alexandre Boyer (cofondateurs de Spindle), Yan Laurent (directeur général de l'hôtel Mercure Paris Centre Tour Eiffel), Emmanuel Mottrie (PDG de TMC International), Alexis Nollet (cofondateur d'Ulteria), Philippe Pinault (cofondateur et PDG de Talkspirit et Holaspirit), Isabelle Rappart et Bastoun Talec (associés de Happywork), Martin Richer (président fondateur de Management & RSE), Martial Vidaud (directeur, “senior trainer” chez Potential Project France), Jonas Vonlanthen (partenaire, Liip), Laurent Vuarraz Voisin (président fondateur de (président fondateur de Talk.swiss). 

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