Sans vouloir se mettre dans la peau d’un coach, la philosophe Julia de Funès (Ce qui changerait tout sans rien changer, Éditions de l’Observatoire), explique l’importance du temps des vacances, une occasion rêvée de vivre autre chose. Comme une parenthèse nécessaire et enchantée, dans cette période si particulière.
Il n’y a pas que le métro, le boulot, le dodo dans la vie?! C’est presque le slogan de Julia De Funès (la petite fille de…) pour vivre à fond ce temps du farniente, une période qu’elle croque à pleines dents, alors que vient de sortir son ouvrage numérique, Ce qui changerait tout sans rien changer?! (Éditions de L’Observatoire).
Julia de Funès explique que "ces vacances d'été seront différentes des autres". Photo : Thomas Decamps. © Agence DREUX
Après la “vacance” due au confinement covidien, ces vacances 2020 auront-elles un parfum particulier ?
Ce seront, sans doute, des vacances particulières. Mais le terme “vacance du confinement” est discutable car beaucoup de gens n’ont pas vaqué, ils ont travaillé, dans des conditions parfois difficiles. Ces vacances d’été seront différentes car beaucoup de séjours ont été annulés, on ne voyagera pas ni où l’on veut, ni avec les mêmes moyens financiers et la même insouciance.
C’est-à-dire ?
La rentrée s’annonce économiquement difficile. Il y aura donc une part d’oisiveté en moins pour beaucoup.
Les vacances peuvent-elles faire office de thérapie pour tous ceux qui ont mal vécu cette crise ?
Les vacances font du bien et peuvent apaiser certaines angoisses. Néanmoins quelques jours de repos ne vont pas ni dissiper les traumatismes ni combler les dettes.
Vos vacances idéales ?
Être au milieu des gens que j’aime. Il n’y a que ça qui compte. Peu importe le lieu.
Faut-il systématiquement quitter son domicile pour se dépayser ?
Je n’aime pas le mot « systématique » quand on parle de l’esprit humain. C’est toujours réducteur. Il n’y a pas que les lieux qui dépaysent. Une rencontre, un livre, une activité ou un sport peuvent tout autant dépayser l’esprit. Bien sûr, partir aide à ce dépaysement en le forçant de l’extérieur. Mais il suffit d’être malheureux pour savoir que le changement de lieu ne change rien au chagrin qui nous cloue au sol. C’est notre psychologie du moment davantage que la géographie qui choisit et accepte le dépaysement.
Faire autre chose, casser le rythme professionnel, peut parfois être anxiogène ?
Cela peut se produire chez des personnes pour qui le travail remplit intégralement leur vie au point d’en devenir la finalité ultime. Je comprends cette angoisse du vide que seul le travail permet de dissiper. Pour ma part, le travail n’est pas une finalité, c’est un moyen qui me permet de mieux vivre avec ceux que j’aime. Les vacances ne sont pas synonymes de vide mais du contraire.
Dans Développement (im) personnel, le succès d’une imposture, vous fustigez les coachs ou autres marchands de bien-être.
Cette “idée-cliché” de plage au soleil comme vacances idéales s’inscrit-elle dans cette logique? Pas du tout, je ne suis pas là ni pour incriminer l’économie du tourisme ni les publicitaires. « Vendre la plage », c’est faire rêver, vendre un imaginaire et c’est tout le job de la publicité touristique. Pour moi, les charlatans dont je parle dans mon livre sont des gens qui ont des formations et des certifications très contestables, contestées, peu rigoureuses tout en prétendant « accompagner » et aider les gens. Ils les formatent souvent davantage qu’ils ne les libèrent et c’est un travail philosophique que de libérer l’esprit du temps de ces “camisoles bonheuristes”.
Vous restez, malgré tout, optimiste sur notre capacité de rebond face à cette crise sanitaire et économique, comme vous l’écrivez dans votre nouvel ouvrage, Ce qui changerait tout sans rien changer ?
Il ne s’agit pas d’être optimiste ou pessimiste, mais actif! Sur quoi pouvons-nous d’ores et déjà agir?? Sur nos représentations, nos idées, nos façons de raisonner. Un autre rapport au temps, au travail, au sens de sa vie, s’esquisse déjà et c’est ce que j’ai voulu montrer dans mon dernier livre numérique.
Le film préféré de votre grand-père, c’était Les grandes vacances. Et vous ?
Rabbi Jacob.
Source : Olivier Bohin - L'Echo Républicain
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