mardi 3 novembre 2020

Confinement : Sylvain Tesson au secours des libraires


Parrain de l’opération avec Erik Orsenna, l’écrivain a lancé ce lundi à Paris le mouvement « Rallumez les feux de nos librairies ».



Sylvain Tesson, ici devant la librairie des Abbesses, invite chaque jour des écrivains, des illustrateurs, des dessinateurs, à se présenter à 15 heures dans une librairie de leur choix pour inaugurer une séance de « click and collect ».  AFP/Stéphane de Sakutin


Sur les pentes de Montmartre, blouson de cuir et casquette de Rouletabille, il est arrivé à 15 heures pile, ce lundi, sur son vélo à pignon fixe qui date des années 1950 et dont le cadre a conservé sous un voile de vernis sa rouille d'origine. C'est avec cet engin propre à se faufiler partout que l'écrivain Sylvain Tesson se propose de livrer les ouvrages que les clients commanderont à Marie-Rose Guarnieri, patronne de la librairie des Abbesses dans le 18e arrondissement, via le « click and collect ».

L'écrivain aventurier, récompensé l'année dernière du prix Renaudot pour sa « Panthère des Neiges », a accepté, à la demande de cette figure de la librairie parisienne, de parrainer en compagnie de l'académicien Erik Orsenna un mouvement qui couvre toute la France et réclame la réouverture des librairies. Détournée d'une phrase de Victor Hugo – « La lumière est dans le livre […] laissez-le rayonner! - cette opération porte un titre accents puissamment symboliques : « Rallumez les feux de nos librairies ».

Le principe est simple : ses initiateurs invitent chaque jour des écrivains, des illustrateurs, des dessinateurs, à se présenter à 15 heures dans une librairie de leur choix, et inaugurer une séance de « click and collect » en allumant les lumières de la boutique. Il s'agit de « dire, dans cette période crépusculaire et mélancolique, leur attachement à la vie de l'esprit et la libre circulation des idées », martèle Marie-Rose. Le tout, cela va de soi, « en respectant strictement les règles sanitaires et jusqu'à ce qu'on nous rouvre nos librairies. »


La lecture, « le meilleur ornement contre la folie en réalité »

Tandis qu'un vent de résistance se levait dans la rue, Tesson, debout près de sa bicyclette, enveloppé d'une nuée de micros et de caméras, y est allé de sa harangue. « Les libraires n'étaient jusqu'ici pas vraiment un foyer d'infection putride. Il a fallu le confinement et les attentats pour que l'on s'aperçoive que la lecture, la littérature, la poésie, étaient le meilleur ornement contre la détestation, contre la haine, l'enfermement en soi-même, contre la folie en réalité ! Les librairies, ce sont des endroits qui proposent des grilles de lecture par milliers, il n'y a que les livres qui savent vivre ensemble. J'appelle mes confrères à venir assurer une présence amicale, à tenir une espèce de flamme et éventuellement à prêter main-forte. »

De son côté, Anne Hidalgo venue soutenir cette initiative avec Vincent Montagne, président du Syndicat de l'édition (SNE), a d'abord rappelé que Paris comptait 750 libraires dont 550 indépendants, avant d'appeler à ce qu'elles « rouvrent le plus vite possible », tant dans la capitale qu'en France. « Le gouvernement a fixé un cap : le 12 novembre. Il faut absolument que d'ici là nos libraires puissent rouvrir. » Puis elle a eu ce cri du cœur : « N'achetez pas sur Amazon. Amazon, c'est la mort de nos librairies et de notre vie de quartiers. »


LE FIGARO - PIERRE VAVASSEUR


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