mercredi 25 novembre 2020

Les petits secrets des dirigeants pour un télétravail efficace et responsable


TÉMOIGNAGES - Des patrons détaillent au Figaro leurs habitudes et les bonnes pratiques pour éviter les journées à rallonge.

Par Quentin Périnel


Durant cette année 2020 de travail à distance à outrance, les entreprises - et leurs salariés - ont expérimenté une nouvelle façon de conduire leurs tâches. Elles ont chamboulé leurs habitudes… pour le meilleur comme pour le pire. Si, dans l’ensemble, il est possible d’être efficace depuis chez soi, le télétravail a aussi fait émerger de réels problèmes au quotidien. Premier enseignement: s’il est tout à fait possible de faire encore plus de réunions devant un écran, sans bouger de sa chaise. La seconde, c’est que paradoxalement, depuis chez soi, il est plus compliqué de mettre une «fin» symbolique à une journée de travail...

Durant cette période de travail à distance à outrance, ces dirigeants d’entreprise ont découvert et modelé une nouvelle façon de travailler avec leurs équipes. Ils ont, progressivement, chamboulé leurs habitudes. Ils expliquent au Figaro des gestes et des astuces simples pour mieux télétravailler, sans passer une journée entière devant son ordinateur entre 8h30 et 22h.

Rétablissement de la pause déjeuner à distance

Carlo Purassanta, président de Microsoft France, l’a remarqué dès le mois de mai, et il a donc instauré un couvre-feu des réunions. «Nous avons formellement interdit les meetings avant 9 heures et après 18 heures, explique-t-il. Nous avons également rétabli la pause déjeuner. Aucun appel ni réunion ne doit ainsi être planifié entre 12 h 30 et 14 heures.»

Deuxième souci de taille: le temps passé en visioconférence sur Zoom, Skype ou Teams. Karine Picard, DG en France d’Oracle, le dit: la visio ne doit pas être systématique. «J’ai pour ma part décidé de laisser le choix, explique-t-elle. Rendre systématique la visio peut être intrusif et, surtout, complètement contre-productif. La visio a sa légitimité pour les petits appels avec deux ou trois personnes. À grande échelle, cela n’a pas ou peu d’intérêt.»

Vincent Huguet, cofondateur de la plateforme pour les indépendants Malt, lui, a trouvé un moyen de mettre de l’ambiance dans ses réunions virtuelles. «Pour rythmer les présentations à distance sur Zoom, détaille-t-il, on associe à chaque slide de transition une musique. C’est l’occasion d’un petit test en aveugle qui se joue sur le tchat, simultanément. C’est une technique qui a fait ses preuves pour briser la monotonie d’une présentation d’une heure et un bon moyen de garder 200 personnes concentrées jusqu’à la fin.»

Marie Mascré, cofondatrice avec son mari Sylvain Dadé de l’agence SoWine, a décidé d’automatiser un rendez-vous d’équipe, chaque vendredi soir. «Nos apéros de fin de semaine ont des allures de meeting ludique, relate-t-elle. Ils sont un moyen de nous détendre, mais ils permettent aussi d’échanger de façon informelle à propos de nos découvertes en vins, spiritueux, mais aussi en cocktails sans alcool ou en thé, la consommation
d’alcool n’étant évidemment pas obligatoire!»

Émotions amplifiées

Avec la distance, être à l’écoute et aux petits soins avec ses équipes est plus que jamais indispensable. Grâce à l’outil Glint, Fabienne Arata, dirigeante en France de LinkedIn, peut prendre le pouls de ses équipes en permanence et recenser leurs attentes en temps réel. «Nous avons constaté que le télétravail et l’isolement chez soi génèrent des changements d’humeur et d’état d’esprit incessants, de jour en jour, explique-t-elle. Lorsqu’on est chez soi, on est beaucoup plus sensible à l’actualité et à ce qui se passe dehors. En termes d’émotion, tout est amplifié.» Depuis le début de la crise, Fabienne Arata a également pris cette petite habitude: passer chaque jour de courts appels personnels de trois à quatre minutes avec des collaborateurs, au hasard, comme si elle les croisait au détour d’un couloir…

Lorsqu’on travaille à distance, les moments pour souffler sont précieux. Or, un grand nombre de cadres enchaînent appels et tâches sans prendre le temps de souffler… «En télétravail, avoir un équilibre est encore plus essentiel, analyse Gérald Karsenti, président en France de SAP. Nous essayons de sensibiliser nos collaborateurs afin qu’ils structurent et organisent leurs priorités le mieux possible. Nous laissons également des récréations dans la journée, en prévoyant un laps de temps de cinq à dix minutes entre les appels et en alternant les sujets de fond et les discussions plus informelles.»Car, en télétravail, sonner la fin de la journée n’est pas toujours évident. Paradoxalement, il est parfois plus difficile de fermer son ordinateur que de prendre l’ascenseur et quitter le bureau. Paradoxalement, il est parfois plus complexe de fermer son ordinateur que de prendre l’ascenseur et quitter le bureau.

Source : Le Figaro


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